Paul Poutre
Paul Poutre, né en 1952 à Paris, est un artiste et chercheur français considéré comme majoritairement de genre masculin.
Il produit depuis la fin des années 60 un travail protéiforme constitué de dessins, peintures, films, clips, installations, essais, notes microscopiques, pensées paradoxales et jeux de mots compulsifs. Autant plasticien qu'homme de lettres et de sciences, grand reporter, critique et illustrateur dans les domaines de la musique et du cinéma, sa pratique transversale de ces disciplines est indissociable d'un travail théorique dont le concept unificateur est le métaculturisme.
Objets, images, mots et pensées y sont liés par une approche qui mêle métaphysique, humour noir, polyschizophrénie, mégalomanie et mythomanie créatrice. Réfutant toute hiérarchie, mêlant high concept et artisanat laborieux, sa production visuelle (se) jette des ponts entre "figuration libre", "concept-art", "pop art", "art-camouflage", "low-brow", "faussariat" et "WTF".
Il a travaillé comme illustrateur ou chroniqueur pour de nombreux journaux , médias ou structures, en anglais et en français, souvent en lien avec la musique (Frank Zappa, Prince...) ou le cinéma. Parmi lesquels le cinéma Le Dietrich, les Éditions Eyrolles, la revue Vumètre, La Médiathèque de Poitiers, Le Confort Moderne, La Nouvelle Revue Littérale, France 3 Poitou-Charentes, Playboy Magazine, Jazz à Poitiers, The Indiana Enquirer, Regards Croisés, Radio Pulsar, Radio Aligre, Twisted Science Monthly, DemagoMag, ainsi que d'innombrables fanzines et micro-ouvrages.
Enseignant occasionnel, passeur culturel actif entre la France et les États-Unis, spécialiste du langage, il donne régulièrement des conférences dans le monde entier : New School for Social Research (New York), Academic Health Center of Minnesota (Minneapolis), SSCC (School of Semiotics and Close Combat, Shanghai), Académie Poutrel (Lausanne), Ohio State Facility for the Mentally Challenged (Akron)...
Biographie
L'expérience américaine
Paul Poutre passe deux années à "élargir ses horizons" vers San Francisco, puis s'installe à New-York en 1970. Démarre alors une période d'expérimentations où, tout en exerçant divers métiers (livreur, intervalliste, projectionniste), il s'adonne à l'art et à l'écriture. Cette période se révèle fondatrice, et on retrouvera dans son travail ultérieur des traces aussi bien du plan de Manhattan (structure-parapluie des ponts menant aux "boroughs") que de la polyrythmie des batteurs de jazz (multiplicité synchrone de points de vue multiples).
Retour en France / Métaculturisme
Revenu en France en 1976, il commence à exposer des peintures nourries de son expérience américaine, et entreprend l'articulation globale de sa pensée. Mixant influences anglophones et francophones, celle-ci possède des affinités avec les travaux de Gilles Deleuze, François Le Lionnais, Melvin Glover ou Jacques Rouxel. Mais le "déclic" vient pour lui de la confrontation avec le travail du sociologue Pierre Bourdieu, dont il redéfinira bien plus tard certains concepts (l'habitus) à l'heure du web 2.0 et de l'afterpop. Après une maturation de plusieurs années, il accouche en 1983 de son livre-manifeste, Homme Astéroïde [2], qui définit le concept de métaculturisme.
Il poursuit son travail plastique entre peinture et croquis ("Stunt Sketching"), notamment de concerts, ainsi que ses recherches sur l'organisation des (big) données et les cartes mentales comme outils du quotidien.
Poitiers et la Fanzinothèque
Il partage son temps depuis 2004 entre Paris et Poitiers (Vienne), où il collabore avec plusieurs structures dont la Fanzinothèque, plus grande bibliothèque de fanzines et de micro-édition en Europe (et au monde ?). On peut citer un hommage sérigraphique au Professeur Choron, le livre Undergronde, l'expo "30 ans de fanzines à Poitiers", l'expo PIPO en 2012, la décoration des murs avant fermeture pour travaux le 13 février 2016, des partenariats divers (Ciné-Zine, Infini Puissance Cube) et de nombreux dessins et fanzines.
Fervent humariste, il est aussi connu pour son engagement dans plusieurs grandes causes. Il a créé en 2005 l'association "Mots pour Maux", qui propose une aide à des enfants souffrant de troubles du développement et de la personnalité, sous forme d'ateliers de contre-pèteries
Pour certains c'est dans le registre cinématographique que l'artiste a laissé son empreinte la plus marquante. Ayant aux États-Unis côtoyé des figures de l'avant-garde (Jonas Mekas, Marty Feldman) mais aussi travaillé dans le cinéma "populaire" (le circuit des films de la 42° rue), Paul Poutre en tire une esthétique d'une grande liberté, où toutes les strates de la culture peuvent communiquer. Sortes de voyages mentaux dont la carte n'est pas donnée, ses films parfois expérimentaux tissent des connexions en dehors de toute hiérarchie, entre Joao César Monteiro et Jackass, dont le seul objectif est la stimulation et le plaisir - fût-il solitaire.
Il a aussi produit une soixantaine de visuels originaux pour le long métrage ZERO de David Barrrouk, actuellement en post-production.
Il a développé en parallèle depuis 2009 une activité critique croissante, souvent en la combinant à son métier d'illustrateur. Voir en premier lieu le copieux compte-rendu dessiné de l'Etrange Festival de Paris 2009 puis le site Alluciné, où il poste depuis mars 2010 de courtes critiques de films illustrées, avec un goût prononcé pour les oeuvres décalées, bis ou méconnues. Dans cette optique, il est en 2011 à l'origine du projet "Ciné Zine" avec la Médiathèque de Poitiers et la Fanzinothèque, pour lequel il conçoit et réalise le sticker album Ciné-Zine, célébration du film de genre.
Le cinéma Le Dietrich (Poitiers)
Contributeur à la programmation du cinéma Art & Essai Le Dietrich (le "monoplexe sans complexe") depuis 2008, Paul Poutre a aussi réalisé pour la salle de nombreux travaux graphiques : affiches, publicités, illustrations, badges, BDs, fresque...
Films
Artiste humaniste [1] et engagé (dans la rue comme via fanzines et expositions), il milite via ses travaux pour l'éradiction des frontières entre le beau et le laid, le féminin et le masculin, le bien et le mal, l'homme et l'animal, l'intelligent et l'idiot, et entre le vrai et le faux (expos PIPO et TRAXION).
Il est le créateur du site web Alluciné, qui traite de films vus en salles via micro-critiques et micro-illustrations.
(lien externe : www.allucine.fr)
Descriptif complet : Alluciné (article détaillé).
Apôtre du DIY et de l'édition alternative, on retrouve en effet sa plume dans diverses publications non-commerciales et militantes, comme les revues Frida, PON, Less Playboy is More Cowboy, ApéroComix... Ce sous des formes diverses : dessin, fiction, tribune, reportage.
Après une jeunesse à Paris dont on sait peu [réf. nécessaire] , l'auteur part pour un "court séjour" aux États-Unis fin 1968. Il y restera huit ans.
Lors de cette intense période de rencontres, il place des dessins dans divers journaux, dont une série de reportages dessinés pour le magazine Playboy. Ceci l'amène à être envoyé par l'élitiste revue "Modern Living" couvrir la guerre du Vietnam sous forme de croquis sur le terrain. Vibrant d'une énergie tragique, cette série de dessins appelée "Paper Scars", parfois à la limite de l'abstraction, est un témoignage artistique bouleversant sur la guerre vue de l'intérieur, et l'acte fondateur de son engagement politique. Il en revient changé à tout jamais.
Suivront une dizaine d'ouvrages approfondissant la question, dont chacun remet partiellement en cause le précédent. Paul Poutre en réalise souvent l'illustration de couverture lui-même à l'aérographe, technique apprise à la fin de son séjour américain. Une exposition rétrospective de ces images de couvertures a eu lieu en 2007 à la galerie Schnappi, Berlin.
Voir page détaillée - Liste de fanzines auxquels P.P. a contribué : Fanzines.
Cinéma et journalisme
Le cinéma de l'irréel
Il a également suivi et critiqué l'Etrange Festival de Lyon 2010 (renommé "Hallucinations Collectives" en 2011), festival programmé par l'association Zonebis
L'édition 2011 a fait l'objet d'un compte-rendu écrit avec quelques croquis, et d'un ensemble d'entrées alluciné visible ici.
En octobre 2014 il a réalisé la communication visuelle des célébrations pour les 30 ans de la salle : affiche, flyer, clip, logo, ainsi qu'un parpaing doré et sérigraphié au labo de la Fanzinothèque à l'attention du parrain (ou "parpaing") de la salle, Benoit Delépine.
Oeuvre
Expositions (sélection)
Publications
+ divers fanzines, liste ici : Fanzines
Prix et distinctions
Notes et références
1. Incarnation moderne de l'intellectuel engagé, Paul Poutre est décrit par certains comme le pont entre Jean-Paul Sartre et Bernard-Henri Lévy, possédant le goût vestimentaire assuré du premier et l'autorité intellectuelle du second.
2. Homme Astéroïde, Editions du Manche, Paris (1983)