Paul Poutre
Paul Poutre, né en 1952 à Paris, est un artiste, auteur et chercheur français considéré comme plutôt de genre masculin. Il réside entre Poitiers (86), Paris, New-York et la Bretagne.
Son travail protéiforme est depuis la fin des années 60 constitué de dessins, peintures, films, clips, installations, essais, cartes mentales, notes microscopiques et jeux de mots compulsifs. Autant plasticien qu'homme de lettres et de sciences, grand reporter, critique et illustrateur dans les domaines de la musique et du cinéma, il lie l'ensemble de ces pratiques via son concept unificateur central : le métaculturisme.
Article complet : Métaculturisme.
Objets, images, mots et pensées y sont liés par une approche polyperspectiviste qui mêle métaphysique, humour noir, polyschizophrénie, mégalomanie et mythomanie créatrice. Réfutant toute hiérarchie, mêlant high concept et artisanat laborieux, sa production visuelle (se) jette des ponts entre "figuration libre", "concept-art", "pop art", "art-camouflage", "low-brow", "faussariat" et "WTF". Citons comme influence notable sur son parcours les jeux et contraintes textuelles/visuelles explorées par l'OuLiPo ou l'OuBaPo.
Il est le créateur du site web , qui traite de films vus en salles via micro-critiques et micro-illustrations.
(lien : www.allucine.fr)
Descriptif complet : Alluciné (article détaillé).
Il a travaillé comme illustrateur ou chroniqueur pour de nombreux journaux, médias ou structures, en anglais et en français, souvent en lien avec la musique ou le cinéma. Parmi lesquels la Médiathèque de Poitiers, la revue Vumètre, le cinéma Le Dietrich, les Éditions Eyrolles, Le Confort Moderne, La Nouvelle Revue Littérale, France 3 Poitou-Charentes, Playboy Magazine, Jazz à Poitiers, Pyramid Editions, The Indiana Enquirer, Regards Croisés, le Centre d'Animation de Beaulieu (Poitiers), Radio Pulsar, Radio Aligre, Twisted Science Monthly, DemagoMag, la Mairie de Poitiers, ainsi que d'innombrables fanzines.
Enseignant occasionnel, passeur culturel actif entre la France et les États-Unis, spécialiste du langage, il donne régulièrement des conférences dans le monde entier : New School for Social Research (New York), Academic Health Center of Minnesota (Minneapolis), SSCC (School of Semiotics and Close Combat, Shanghai), Académie Poutrel (Lausanne), Ohio State Facility for the Mentally Challenged (Akron)...
L'expérience américaine
Paul Poutre passe deux années à "élargir ses horizons" vers San Francisco, puis s'installe à New-York en 1970. Démarre alors une période d'expérimentations où, tout en exerçant divers métiers (intervalliste, projectionniste), il s'adonne à l'art et à l'écriture. Cette période est fondatrice, et on retrouvera dans son travail des traces aussi bien du plan de Manhattan (structure-parapluie des ponts menant aux "boroughs", obsession pour la cartographie) que des "Saturday Morning Cartoons" (qui lui insufflent une passion pour l'animation), des comic books et de la culture "pop" en général.
Retour en France / Métaculturisme
Revenu en France en 1982, il commence à exposer des peintures nourries de son expérience américaine, et entreprend l'articulation globale de sa pensée. Mixant influences anglophones et francophones, celle-ci possède des affinités avec les travaux de Gilles Deleuze, François Le Lionnais, Melvin Glover ou Jacques Rouxel. Mais le "déclic" vient pour lui de la confrontation avec le travail du sociologue Pierre Bourdieu, dont il redéfinira bien plus tard certains concepts (l'habitus) à l'heure du web 2.0 et de l'afterpop. Il publie en 1984 son livre-manifeste, Homme Astéroïde [2], qui définit le concept de métaculturisme.
Il poursuit son travail plastique entre peinture et croquis ("Stunt Sketching"), notamment de concerts, ainsi que ses recherches sur l'organisation des données. S'y répondent structurellement individu et collectivité, statistiques et pensées, journal intime et big data. Dans cette démarche au croisement de la sociologie et de la psychose, Poutre impose les cartes mentales tridimensionnelles, éventuellement explorables en réalité virtuelle, comme principal outil d'application de ses théories.
Poitiers et la Fanzinothèque
Depuis 2011 Paul Poutre est basé à Poitiers (Vienne), où il collabore avec de nombreuses structures locales dont la Fanzinothèque, plus grande bibliothèque de fanzines et de micro-édition en Europe (et au monde ?). On peut citer un hommage sérigraphique au Professeur Choron, le livre Undergronde, l'expo "30 ans de fanzines à Poitiers", l'expo PIPO en 2012, la décoration des murs avant fermeture pour travaux le 13 février 2016, des partenariats divers (Ciné-Zine, Infini Puissance Cube) et de nombreux dessins et fanzines.
Voir page détaillée - Liste de fanzines auxquels P.P. a contribué : Fanzines.
Fervent humariste, il est aussi connu pour son engagement dans plusieurs grandes causes. Il a créé en 2005 l'association "Mots pour Maux", qui propose une aide à des enfants souffrant de troubles du développement et de la personnalité, sous forme d'ateliers de contre-pèteries
Pour certains c'est dans le registre cinématographique que l'artiste a laissé son empreinte la plus marquante. Ayant aux États-Unis côtoyé des figures de l'avant-garde (Jonas Mekas, Marty Feldman) mais aussi travaillé dans le cinéma "populaire" (le circuit des films de la 42° rue), Paul Poutre en tire une esthétique d'une grande liberté, où toutes les strates de la culture peuvent communiquer. Sortes de voyages mentaux dont la carte n'est pas donnée, ses films parfois expérimentaux tissent des connexions en dehors de toute hiérarchie, entre Joao César Monteiro et Jackass, dont le seul objectif est la stimulation et le plaisir - fût-il solitaire.
Il a développé depuis 2009 une activité critique croissante, souvent en la combinant à son métier d'illustrateur et sa passion pour le cinéma. Voir notamment le copieux compte-rendu dessiné de l'Etrange Festival de Paris 2009 puis le site Alluciné, où il poste depuis mars 2010 de courtes critiques de films illustrées, avec un goût prononcé pour les oeuvres décalées, bis ou méconnues. Dans cette optique, il est en 2011 à l'origine du projet "Ciné Zine" avec la Médiathèque de Poitiers et la Fanzinothèque, pour lequel il conçoit et réalise un sticker album Ciné-Zine, célébration du film de genre.
Le cinéma Le Dietrich (Poitiers)
Paul Poutre a réalisé pour le cinéma Art & Essai Le Dietrich (le "monoplexe sans complexe") de nombreux travaux graphiques : affiches, publicités, illustrations, badges, BDs, fresque...
Paul Poutre est chroniqueur musique intermittent entre 2005 et 2016 sur Radio Pulsar (Poitiers), avec notamment 3 émissions de 2 heures consacrées au musicien Prince suite à son décès en avril 2016.
Films
Artiste humaniste [1] et engagé, il milite via ses travaux pour l'éradiction des frontières binaires entre le beau et le laid, le féminin et le masculin, le bien et le mal, l'homme et l'animal, l'intelligent et l'idiot, le réel et le virtuel, et souvent entre le vrai et le faux (expos PIPO et TRAXION, sa biographie...).
Biographie
Après une jeunesse à Paris [réf. nécessaire] , l'auteur part pour un "court séjour" aux États-Unis fin 1968. Il y restera 14 ans.
L'effervescence musicale américaine des années 70 et début 80 marqueront l'auteur de manière indélébile, ses oeuvres se nourissant de et référençant allègrement le jazz, le funk, le rock, le hip-hop alors naissant ou le minimalisme américain.
Lors de cette intense période de rencontres, il place des dessins dans divers journaux, dont une série de reportages dessinés pour le magazine Playboy. Ceci l'amène à être envoyé par l'élitiste revue Modern Living couvrir la guerre du Vietnam sous forme de croquis sur le terrain. Vibrant d'une énergie tragique, cette série de dessins appelée "Paper Scars", parfois à la limite de l'abstraction, est un témoignage artistique bouleversant sur la guerre vue de l'intérieur, et l'acte fondateur de son engagement politique. Il en revient changé à tout jamais.
Suivront une dizaine d'ouvrages approfondissant la question, dont chacun remet partiellement en cause le précédent. Paul Poutre en réalise souvent l'illustration de couverture lui-même à l'aérographe, technique apprise à la fin de son séjour américain. Une exposition rétrospective de ces images de couvertures a eu lieu en 2007 à la galerie Schnappi, Berlin.
Cinéma et journalisme
Le cinéma de l'irréel
En 2013 il produit une soixantaine de visuels originaux pour le long métrage ZERO de David Barrrouk.
Il a également suivi et critiqué l'Etrange Festival de Lyon 2010 (renommé "Hallucinations Collectives" en 2011), festival programmé par l'association Zonebis
L'édition 2011 a fait l'objet d'un compte-rendu écrit avec quelques croquis, et d'un ensemble d'entrées alluciné visible ici.
En 2014 il réalise la communication visuelle des célébrations pour les 30 ans de la salle : affiche, flyer, clip, logo, ainsi qu'un parpaing doré et sérigraphié au labo de la Fanzinothèque à l'attention du parrain (ou "parpaing") de la salle, Benoit Delépine.
En janvier 2019 il produit une sérigraphie originale en 3 couleurs pour la venue de Llloyd Kaufman, créateur de TROMA Films, à l'occasion d'un "Toxic Weekend" spécial à la salle.
En 2024 il s'occupe de la communication liée aux 40 ans de la salle.
En 2017-2018 il publie une rubrique "L'ENCYCLODÉBILE DE PAUL POUTRE" dans la revue Hi-Fi Vumètre, qui à chaque numéro explicite un terme musical sous forme de BD.
En 2018-2019 il y écrit et dessine "SPOTLIGHT", série de portraits de musiciens à (re)découvrir.
En janvier puis en décembre 2015, il réalise des dessins de presse en direct dans le J.T. de France3 Poitou-Charentes.
Il se livre par ailleurs à des interventions, conférences "pop" et reportages presse ou télévisuels ponctuels.
Oeuvre
Expositions
Publications
+ de nombreux fanzines, liste ici : Fanzines
Prix et distinctions
Notes et références
1. Incarnation moderne de l'intellectuel engagé, Paul Poutre est décrit par certains comme le pont entre Jean-Paul Sartre et Bernard-Henri Lévy, possédant le goût vestimentaire assuré du premier et l'autorité intellectuelle du second.
2. Homme Astéroïde, Editions du Manche, Paris (1983)