Rapidement financé par la publicité et les partenariats, le site Regards Croisés prend une importance croissante dans la société suisse, et donne lieu à de gigantesques rassemblements annuels. Son créateur, entretemps passé du célibat à la polygamie, abandonne l'anthropologie pour s'y consacrer pleinement (au site).
Sollicité par des annonceurs de plus en plus nombreux, Volkner réfléchit pendant plusieurs années à une déclinaison en kiosques du titre, qui se concrétisera grâce à l'investissement du groupe Sofricpress. Le premier numéro de Regards Croisés version papier sort en mars 2006 et propose un vaste dossier sur Jean-Paul Sartre, qui en fait la couverture.

Succès immédiat, à la fois populaire et élitiste, la revue obtient le prix Syndicat de la Presse Magazine et d'Information du « Magazine de l'année » en 2007. Les ventes moyennes tournent alors autour de 22 000 exemplaires/mois.

Difficultés et polémiques

En 2008 les ventes du magazine se tassent puis déclinent. Marc Volkner prend alors, en août 2008, une décision lourde de conséquences : dorénavant chaque numéro comportera un poster de playmate (les fameuses "Strab' Girls") en page centrale, comme certaines revues de charme. Cette décision, qui révolte une partie du lectorat ainsi que les associations féministes, dope néanmoins les ventes, et Regards Croisés redevient largement bénéficiaire.

Malgré les protestations des premiers lecteurs, qui regrettent la frivolité croissante de la ligne éditoriale et la disparition de sa dimension militante, Volkner va continuer à creuser ce sillon. Sur sa lancée, le jeune entrepreneur, devenu multi-millionnaire, passe à la production de films et lance une collection de vidéos érotiques soft "Sexy Strab' Girls", suivie par une collection pornographique, "Strab'X". C'est une période d'euphorie pour Volklner, qui, grisé par son succès, tente également d'explorer le créneau du strabisme mammaire. Mais son site consacré aux poitrines convergentes, "Coeurs Croisés" est attaqué par la marque de lingerie Playtex, qui l'oblige à fermer - premier incident d'une série noire.

En parallèle, une polémique enfle sur l'hétérocentrisme de Volkner, qui a toujours refusé d'ouvrir une section gay sur le site, et ignore la communauté homosexuelle dans la revue. [1]

En décembre 2010, suite à une dénonciation anonyme, la police s'intéresse aux productions de Volkner et découvre que plusieurs des jeunes filles apparaissant dans ses vidéos étaient mineures au moment des tournages. Le scandale éclate, le matériel est saisi, et Volkner est condamné à 130 000 euros d'amende ainsi qu'à 18 mois de prison - il en fera trois.

Ecarté de Regards Croisés, qui est depuis 2006 la propriété exclusive de Sofricpress, Volkner se retire avec ses multiples femmes dans sa villa française de 500m² au Croisic (44). Il ferme alors le site web, au désespoir de la communauté, et disparaît de la vie publique. La revue continue, sur un ton plus sérieux.

Numéros notables

Parmi ses numéros notables on peut citer le "spécial musique" de l'été 2006 avec Thom Yorke (du groupe Radiohead) en couverture et une analyse de l'oeuvre de David Bowie, le "spécial cinéma" d'avril 2011 (avec un fabuleux panorama qui va de Ben Turpin à Shaileine Woodley en passant par Forest Whitaker, Brigitte Bardot, Marty Feldman ou Barbra Streisand), le double numéro "Kate Moss" de l'été 2009 mais surtout le numéro de mai 2007, consacré au vingtième anniversaire de la chanteuse Dalida, rapidement épuisé. Ce numéro s'échange en 2011 au prix minimum de 150 euros.

Du côté théorique, c'est une tribune du penseur Paul Poutre, "Repenser la différence", publiée dans le numéro de janvier 2010 qui aura eu le plus d'impact. Dans un plaidoyer vibrant pour la tolérance et pour le mépris des normes, il appelle à l'avènement d'une nouvelle ère où les points de vue divergents (et convergents) se réconcilieraient. [2]
L'auteur poursuivra dans cette voie militante en participant au lancement de plusieurs autres revues, parmi lesquelles L'Oreille Sacrée, consacrée aux personnes aux oreilles décollées et à ceux qui les apprécient, ou encore Frida, organe imprimé de la lutte contre l'épilation et le retraçage des sourcils.

Notes et références